dimanche 24 février 2019

Retour d'expériences sur les trois référendums de 2018 - 2020 et 2021 sur l'Indépendance de la Nouvelle Calédonie

RETEX sur les Référendums de 2018, 2020 et 2021
sur l'Indépendance de la Nouvelle Calédonie

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Mise à jour: 13/12/2021



Drapeaux Kanak et français
Retour d’expériences sur les trois référendums sur l'Indépendance de la Nouvelle Calédonie faisant suite aux "Accords de Nouméa" de 1998.
 Le premier a eu lieu le 04 novembre 2018 en Nouvelle Calédonie : un référendum sur l’Indépendance de cette île avait eu lieu. Dans le cadre de protection de ce vote, pour que celui-ci se déroule en toute tranquillité, la Gendarmerie Nationale Française s’était préparée à ce moment depuis plus d’un an et demi..


Gendarmes en Nouvelle Calédonie
En effet, ce type de référendum est délicat, car parlant d’indépendance et donc de bouleversement de souveraineté. Le fait que la Nouvelle Calédonie est loin de la France, il a fallu préparer des effectifs prépositionnés, avec cinq Escadrons de Gendarmes Mobiles (EGM) en permanence présents, puis trois autres EGM, à l’approche de la date du Référendum. Ceci permettant d'atteindre plus de 1.400 gendarmes sur l’ensemble de l’Ile.




Brigade isolée en Nouvelle Calédonie renforcée
Cela a permis également de créer un Groupe de Planification Opérationnelle (GPO) permanent dès avril 2017, en vue de piloter l’ensemble de la préparation de ce référendum au point de vue sécuritaire.  Dans ce cadre, les réseaux de communication ont été vérifiés et améliorés, les brigades isolées ont été renforcées. Des rations alimentaires, ainsi que des munitions, des protections balistiques, des herses amovibles et du matériel de secourisme ont été livrés.


 
Armes retrouvées lors de l’assaut de la grotte d’Ouvéa où étaient retenus les gendarmes 
en otage, le 06/05/1988
Toutes ces préparations s’inscrivent pour éviter de revivre une situation tragique comme l’avait vécue  l’Ile de Nouvelle Calédonie avec l’attaque d’une gendarmerie en 1988, où 27 gendarmes avaient été pris en otage et qui avait nécessité l’envoi de gendarmes et de militaires pour les libérer dans la Grotte d’Ouvéa et où de nombreux preneurs d'otages furent tués…



Gendarmes mobiles en position statique sur une route de Nouvelle Calédonie en 2018
Les gendarmes mobiles sur place sont intervenus dans des missions de Détachements de Surveillance et d’Intervention (DSI) au profit des brigades.


Gendarmes mobiles d’un DSI faisant un contrôle de véhicule en Nouvelle Calédonie en 2018
Ceci afin de permettre une visibilité des forces de l’ordre, pour établir, pour la population, un sentiment de sérénité et de sécurité, et pour éviter tout débordement avant, pendant et après le Référendum. De même, des accélérations d’enquêtes judiciaires ont été effectuées et qui ont permis d’arrêter des individus considérés comme dangereux ou visés par des enquêtes judiciaires.


Gendarmes proches d’un bureau de vote en Nouvelle Calédonie le 04/11/18
Le Jour J, 174.154 électeurs étaient appelés à voter dans 277 bureaux de vote. Les gendarmes étaient positionnés de manière à assurer un climat de tranquillité pour ce vote, et que tout le monde puisse voter. C’est donc 880 gendarmes mobiles, épaulant les 550 gendarmes départementaux qui ont assuré cette sécurité: ceci a permis d'effectuer 80 patrouilles mobiles sur l’ensemble du territoire et d'avoir des forces prépositionnées, en cas de situation tendue.




Barrage le 05/11/18 sur la route RT1
Lors de la journée du vote, sur l’ensemble de l’ile, il n’y a pas eu d’incident majeur, mis à part des indépendantistes qui ont voulu connaitre ce que des votants avaient voté sur certains lieux de vote.
 C’est à l’issue du résultat, que quelques troubles ont lieu, dont un endroit connu des Forces de l’ordre pour être un lieu à risques : des feux ont été allumés, ainsi qu’un barrage sur la route principale de l’Ile, la RT1, appelé aussi route de Saint Louis, au niveau du Mont-Dore.



2 VBRG se préparant à intervenir sur la RT1 le 05/11/18
Les autorités connaissant cet endroit, avaient prépositionné 150 gendarmes, avec le renfort de 11 véhicules blindés, constitués de Véhicules Blindés sur Roue de la Gendarmerie (VBRG) et de Véhicule de l’Avant Blindé (VAB).

4 VBRG s’avançant sur la RT1 le 05/11/18
Ces véhicules ont tous reçu un surblindage pour faire face aux armes à feu de grande chasse, pouvant tirer du calibre 12 (munition servant normalement à tuer le sanglier). De même, des hauts parleurs, ainsi que des caméras embarquées ont été installées, et des formations pour les conducteurs ont été réalisés auparavant, du fait d’un comportement différent de ce véhicule avec l’ajout en masse du surblindage.


 
Intervention de gendarmes en Nouvelle Calédonie en novembre 2016 face à un évadé 
qui avait forcé un barrage de gendarmes
En effet, cette zone tendue est connue pour le risque de tirs sur les véhicules de gendarmerie. On se rappelle les tirs qui avaient été commis lors d’une intervention pour enlever un barrage, mis sur cette route en novembre 2016. Un évadé avait foncé au volant d’un fourgon et avait été mortellement touché par un gendarme.


 
Intervention de VBRG pour protéger des véhicules pour déblayer des barricades dressés 
sur une route en Nouvelle Calédonie.
Peu après, des individus avaient dressé des barrages et des affrontements avaient éclaté contre les forces de l’ordre qui avaient essuyé des tirs d’armes à feu. Cinq gendarmes avaient été blessés, dont deux sérieusement. Des VBRG avaient été nécessaire pour déblayer la route…


2 VAB et 1 VBRG sur la route RT1 le 05/11/18
Dans le cadre de préparation à ce type d’intervention, la Gendarmerie Nationale avait augmenté son parc de véhicules blindés pour atteindre le nombre de 22: En plus des 10 VBRG présents en permanence sur l’Ile, 4 autres VBRG ont été projetés de la Métropole, ainsi que 8 VAB de retour d’Afghanistan.


Déblayage de la route RT1 le 05/11/18
Les VBRG et VAB ont pu intervenir pour dégager la route. Des jets de projectile et des tirs d’armes à feu ont eu lieu cependant. Il a fallu toute la journée du 05 novembre 2018 pour sécuriser la route.


Gendarmes mobiles sur la route RT1 le 05/11/18
Près de 450 grenades lacrymogènes ont été tirés pour pouvoir libérer à nouveau l’axe de cette route principale de l’Ile. Aucune victime n’a eu lieu, ni du côté des individus ayant visé les gendarmes, ni du côté des Forces de l’Ordre.


Individus d’une tribu se situant proche du Mont-Dore paradant sur des « deux roues » volés n 2014
Ce lieu est souvent l'endroit de contestations sociales. En plus, certains membres de la Tribu, qui se trouvent au plus près de cette route, sont connus défavorablement de la Gendarmerie pour de nombreux faits de délinquance et de vols. Ceux ci commettant de nombreux vols et de confrontations, en lançant des projectiles sur des véhicules des Forces de l'Ordre, ainsi que sur des voitures de particuliers,  rendant parfois l'usage de cette route impossible...



Le Résultat du premier Référendum pour l'Indépendance a donné le "NON" majoritaire à 56,14% contre le "OUI" à 43,6%. 
Comme on peut le voir sur cette carte lors du Référendum de 2018, l'Ile est coupée en deux.
 
Gendarme sécurisant une route de Nouvelle Calédonie en octobre 2020
Lors du second Référendum qui eu lieu le 04 octobre 2020, toujours selon "l'Accord de Nouméa" de 1998, la Gendarmerie Nationale étaient également en nombre sur l'ensemble du territoire et pour protéger les lieux de vote avec une dizaine d'escadrons et des membres du Détachement du GIGN locale et les forces armés militaires.
 
 

En effet, en 2018, dans certains bureaux de vote, certaines tentatives d'intimidation avaient été constatées: des indépendantistes avaient voulu se placer à la sortie de bureaux de vote pour réclamer aux votants le deuxième bulletin n'ayant pas été mis dans l'urne.
 

Ecusson de Gendarme mobile cousu pour le Référendum d'octobre 2020
Les Gendarmes ne peuvent pas intervenir à l'intérieur et aux entrées des lieux de vote comme le stipule le Code électoral: "L'entrée dans l'Assemblée électorale avec des armes est interdite".  
La raison de cette interdiction est en faite de ne pas exercer une pression sur les électeurs. Les gendarmes pouvaient néanmoins se positionner aux abords pour sécuriser la zone et intervenir au cas où, car quelques jours auparavant le Référendum, les Présidents des bureaux de vote ont prérempli des réquisitions permettant aux gendarmes d'intervenir en cas de recours nécessaire à la Force Publique. 
 
Carte présentant la majorité de OUI ou de NON qui l'ont remporté majoritairement par commune
Le "NON" l'a à nouveau remporté avec 53,26% pour le "NON" contre "46,74%" pour le "OUI".
Le troisième et dernier référendum inscrit dans les "Accords de Nouméa" de 1998 a eu lieu le 12 décembre 2021.

Drapeaux Kanak et français

Le troisième et dernier référendum pour l’Indépendance de la Nouvelle Calédonie a eu lieu le dimanche 12 décembre 2021.

 

Gendarmes mobiles lors du vote le 12/12/2021 dans les rues de Nouméa

A cette occasion, la Gendarmerie Nationale Française avait déployé sur les Iles de Nouvelle Calédonie plus de 1.400 gendarmes, dont 1.100 gendarmes mobiles et une centaine de spécialistes, ce qui totalisait plus de 2.000 gendarmes avec ceux déjà présents en Nouvelle Calédonie.

 

Gendarmes sur le bord d’une route de Nouvelle Calédonie le 12/12/2021

Le but étant de sécuriser ce troisième référendum sur l’Indépendance de la Nouvelle Calédonie, ainsi que « pour lutter contre la délinquance du quotidien et le sentiment d’insécurité sur les îles calédoniennes » avait indiqué le Haut-Commissariat de la République.

 

Image d’illustration de VBRG sur l’Ile de Nouméa

Etaient aussi mobilisés pas moins de 130 blindés dont des VBRG (Véhicules Blindés sur Roues de la Gendarmerie), ainsi que certains VAB (Véhicule de l'Avant Blindé) rétrofités par l’Armée de Terre Française pour faire face à toutes éventualités et déjà utilisés lors des deux précédents référendums de 2018 et 2020.


Le VBRG de la Gendarmerie Nationale
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Image d’illustration d’un gendarme surveillant une route de Nouvelle Calédonie

S’ajoute à cela, une centaine de policiers de Brigade Anti Criminalité en renfort et 250 militaires supplémentaires, en plus des 1.500 militaires de l'Armée de Terre, de la Marine Nationale et de l'Armée de l'Air déjà présents sur les bases militaires françaises.

 

Manifestation en décembre 2020 près de l’usine de GORO en Nouvelle Calédonie

Tous ces moyens mis en place sont là pour faire face à des émeutes ou des mouvements sociaux d’indépendantistes violents qui pourraient s’en prendre à la population, aux institutions ou aux bâtiments publics, comme cela avait eu lieu lors des deux premiers référendums en 2018 et 2020 où des jets de cocktails Molotov avait eu lieu contre les Forces de l’Ordre. La Gendarmerie Nationale ayant déjà, à l’époque, anticipée ces risques.


Trois gendarmes sur le bord d’une route de Nouvelle Calédonie le 12/12/2021

Les armes à feu de chasse sont présentes en Nouvelle Calédonie car cela fait partie des traditions des Kanaks de chasser. C’est pour cela qu’une interdiction de transport et de port d’armes ont été interdites entre le samedi 11 décembre 2022 à midi au lundi 13 décembre 2022 à midi.

 

Entrainement des gendarmes mobiles de l’Escadron 22/5 en Nouvelle Calédonie en novembre 2021

Pour faire face à ces risques possibles de tirs avec armes de chasse ou de cocktails Molotov, des entrainements ont été effectués quelques mois auparavant avec les gendarmes mobiles en cas d’accrochage,

 

Entrainement des gendarmes mobiles de l’Escadron 22/5 en Nouvelle Calédonie en novembre 2021

Avec évacuation de blessé grave à bord de véhicule blindé.

 

Aéroport de Nouméa

De même, des simulations de protection de l’Aéroport de Nouméa pour parfaire le dispositif ont été réalisées en cas de troubles après le Référendum si le "OUI" l'emportait. Les trois escadrons supplémentaires représentaient une sécurité supplémentaire pour tenir l'Aéroport. Car comment l'expliquait le Général RODRIGUEZ, Directeur Général de la Gendarmerie Nationale lors d'une audition à l'Assemblée Nationale le 06 octobre 2021: "J'ai une déformation professionnelle. Je suis d'une génération qui a connu la Nouvelle Calédonie en ambiance très tendue. Donc j'ai tendance à plutôt dire "SOYONS PREVOYANTS". Donc il faut tenir l'aéroport car sans aéroport, on ne pose plus rien là-bas.(...) S'il faut monter en puissance, on a planifié une capacité très supérieure


Image d’illustration lors d’une entrainement de gendarmes proche de l’Aéroport de Nouméa

En effet, un récent rapport de l'Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire (IRSEM) a souligné "Il est dans l'intérêt de la Chine d'encourager des mouvements indépendantistes, pour récupérer des parts de marché ou fragiliser de potentiels adversaires. Or s'il y a eu des soupçons d'ingérence chinoise dans le Référendum de 2018 su l'Indépendance de la Nouvelle Calédonie, et si Pékin suit de près la progression du camp indépendantiste confirmée par le Référendum de 2020, c'est parce qu'une Nouvelle Calédonie indépendante serait de facto sous influence chinoise et présenterait au moins deux intérêts majeurs pour le Parti-Etat"

 

Les trois résultats de 2018 – 2020 -2021 pour l’Indépendance de la Nouvelle Calédonie

Le « NON » pour l’Indépendance l’a remporté à une écrasante majorité terminant la fin du processus de "l’Accord de Nouméa de 1998" avec  une participation de 43,87% de personnes inscrites sur les listes électorales.

 

Manifestation d’indépendantistes pour boycotter le scrutin sur l’Indépendance de la Nouvelle Calédonie du 12/12/2021

Cependant les leaders indépendantistes avaient appelé au boycott du scrutin. Ils avaient également prévenu qu’ils ne reconnaitraient pas le résultat. A noter que cette situation ne constitue pas une fin en soi. Dès le 13 décembre 2021, une période de transition de dix huit mois s'est ouvert. Les partis politique en présence ont jusqu’au 30 juin 2023 « pour examiner la situation créée » puis écrire un nouveau statut sur l’Archipel.

 

Manifestation de Kanaks pour le Oui à l’Indépendance de la Nouvelle Calédonie en 2020

La notion d’indépendance sera toujours présente même si les « loyalistes » ont gagné par trois fois les référendums précédents. Jean Marie TJIBAOU, le fils aîné de Jean-Marie TJIBAOU, leader du Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste (FLNKS) assassiné en mai 1989 par un indépendantiste extrêmiste, avait expliqué : « Le droit à l’autodétermination du Peuple Kanak ne s’arrêtera pas dimanche soir ou lundi matin. On a poursuivi le travail de nos vieux. Et nos enfants le poursuivront après. »

 

Drapeau Kanak

Un autre leader indépendantiste, Pierre-Chanel TUTUGORO, secrétaire Général de l’Union Calédonienne expliquait également ceci : " La question de l’Indépendance a quelque chose de perpétuel, quelque chose qui date, quelque chose qui ne bouge pas, de construire autrement. (…) Les jeunes générations reprennent la tradition des anciens. Et les jeunes qui deviendront vieux seront remplacés dans ce combat par d’autres jeunes. (…) On arrêtera quand on obtiendra satisfaction ".

 

Vidéo du Référendum de 1987 

pour l'Indépendance de la Nouvelle Calédonie

Ce phénomène d'abstention avait déjà eu lieu lors d'un Référendum en 1987, où à l'époque le "NON" l'avait remporté à plus de 98% des votants, et où, là aussi, les Indépendantistes n'étaient pas venus votés comme vous pouvez le voir sur cette vidéo de l'époque.

Cette page sera réactualisée 
en fonction des évènements


Dernière mise à jour le 13/12/2021











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